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Pourquoi Yiddish ?

Une rencontre entre musiciens est une chose assez mystérieuse. Anna Kupfer, comédienne et chanteuse d’origine berlinoise, transporte depuis longtemps ces musiques et cette langue, ainsi que son désir de les porter : elle est allemande.
Bruno Sansalone, d’origine italienne, né en Afrique du Nord, est un amoureux... des musiques, de la clarinette, du klezmer, des rencontres, des voix, de la vie en somme.
Ils se rencontrent donc, inévitablement, sous les auspices favorables d’une grecque angélique –comprenez Ionatos – que Bruno Sansalone accompagne régulièrement.
Ljube va naître ainsi, dans la douceur et le plaisir des partages, humains et musicaux. Ljube donc – prononcez [lioub] –, c’est amour en yiddish, langue complexe et vivante, travaillée par sa transmission orale et sa capacité à s’adapter là où elle s’enracine.
Mais, revenons à nos Ljube(s) : c’est chez un ami de Sansalone, Jean-Louis Chalard, dit Chalou, contrebassiste, que le duo fait un de ses premiers concerts. Résultat : un contrebassiste ému, voilà bientôt un trio.
Stimulé par ce bel élan d’affinité, ils savourent, répètent jusqu’à plus soif... si, justement, encore soif d’accordéon !
Un beau jour, trois mois plus tard, Philippe Bourlois, inconnu d’eux trois, téléphone sur les conseils d’un ami ; fraîchement arrivé à Lyon, il a envie de connaître... il est tombé dedans : une soirée et le voilà Ljubé.

Spil-she mir a lidele

Depuis, on ajuste, on essaie, on avance, on trouve ses marques, bref on ne s’ennuie pas : on déve-loppe le répertoire, il faut des surprises (ça rafraî-chit), des affinités électives, que ce soit vivant, Ljube grandit... et croît, en nombre aussi... Cela va-t-il finir en orchestre symphonique ? Non, ils le jurent, c’est le dernier ! Percussionniste, Alain Chaléard fait ses débuts de Ljube sur scène, à l’arraché... trouve sa place sans hésiter : adopté. Un an après, tout juste pour la culbute de l’an zéro, Ljube enregistre : fidèle, aux oreilles et aux boutons, Emmanuel Sauldubois s’ingénie au son.
Les chants et la musique yiddish portés par ce que l’on nomme des non-juifs est aujourd’hui un acte de liberté et d’ouverture, position qu’ils affirment tranquillement, avec respect et avec cœur, en Ljubant !
A.B.L. 1999

Why Yiddish ?



A meeting between musicians is something fairly mysterious. Anna Kupfer, actress and singer born in Berlin, has been carrying Yiddish music and language, as well as a desire to share them, for a long while ; she is German.
Bruno Sansalone, of Italian origin, born in North Africa, is in love… with music, with clarinet, with Klezmer, with encounters, with voices – in a word with life.
Thus, they were bound to meet, under the favourable auspices of an angelic Greek singer – i.e. Ionatos – whom Bruno Sansalone regularly accompanies.
This is how Ljube was born, in the sweetness and pleasure of sharing, both human and musical. Thus Ljube – pronounced lyub – means love in Russian, a word borrowed by Yiddish, a complex and living language, wrought by its oral transmission and by its capacity to adapt wherever it can find roots.
But let’s get back to our Ljube(s) : it is at a friend of Sansalone, Jean Louis Chalard, called Chalou, a double-bass player, that the duet played one of its first concerts. Result : the contrabassist is overcome, and soon there is atrio.
Spurred on by these ongoing affinities, they savour the music until their thirst is quenched… but in fact, they still thirst for an accordion !
One day, three months later, Philippe Bourlois, whom they don’t know, but who has heard of them through a friend, phones them ; he’s just arrived in Lyon, he’d like to know… and he fell right in one night : he’s Ljubed.
Since then, they adjust, they try, they move on, they find their places ; and they’re enjoying it all, the repertoire increases, they need surprises (so refreshing !), elective affinities, lively events, Ljube grows… the group thickens too… Will they end up as a symphony orchestra ? no, they swear it, just a last one ! A percussionist, Alain Chaléard, starts with Ljube on stage, by chance, has no difficulties finding his place : he’s adopted.
One year later, as the year 2000 is upon us, Ljube records : with trustful ears and trustful fingers, Emmanuel Sauldubois engineers the sound.
Yiddish songs and music played by so-called goyim musicians – this is today an act of freedom and broad-mindedness, a position they assert, with respect and heart, by Ljubing !
A.B.L. 1999 / Traduction Bernard Hoepfner.