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Quand L’homme aura des ailes !

L’oiseau,
habitant des airs, migre sa vie entière et son monde est l’infini.
Le poisson, roi des fleuves et des mers est chez lui dans toutes les mers de la terre. L’homme, ainsi que l’animal, est l’espèce vivant
de toutes les terres, son monde est la Terre, entière, et l’infini de son imaginaire.
De loin en loin, il a migré ou s’est fixé, selon nécessités, besoins
et désirs, avec la même liberté et la même détermination que l’oiseau et le poisson.

Nous humains, pouvons marcher tout au long des frontières,
un pied dans un pays, un pied dans l’autre.
A l’heure où l’Europe s’élance et « bat de l’aile », à l’heure où l’histoire tente de rejouer les heures brunes du passé, à l’heure où la terre d’Angleterre s’éloigne et se détache, où la Grèce, berceau de notre histoire, toujours penchée au dessus du gouffre, risque de perdre l’anneau de noce sans le vouloir, je tente de rendre perceptible la diversité linguistique et les richesses musicales
de ce continent.
En passant par l’Espagne, la France, l’Allemagne, l’Italie, en survolant les terres jusqu’à l’Est, nous suivrons la route des poètes pour déguster les parfums de chaque pays.
Nous allons embarquer pour un moment unique avec nombre
de ces poètes que je redécouvre à chaque fois, et que je veux faire comprendre et savourer en les chantant dans leur langue d’origine.
Ma voix vous livre la plainte nue d’une tzigane hongroise, le chant yiddish, riant d’un œil et pleurant de l’autre, l’espagnol
des chemins poussiéreux aux heures chaudes, le portugais
de l’exil dans le fado…
Le voyage commence et, bien qu’immobiles, nous voici en route sans délai, traversant de grands espaces.

Anna Kupfer chante l’esprit de résistance

Jean-Pierre Léonardini

La comédienne à la voix d’or participera à la soirée d’hommage à Georges Séguy au stand des Amis de L’Humanité


Quelle que soit la langue du poète, Anna Kupfer la chante et l’enchante en toute gravité, la parant de couleurs intenses en s’adressant au coeur en toute franchise. Comédienne à l’origine, c’est progressivement qu’elle s’est mise au chant, se réalisant dans la pratique vocale avec la même autorité que dans le jeu théâtral, qu’elle apprit au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, réussissant alors l’exploit d’y entrer sur concours, sans connaître un traître mot de français, mais en ayant appris ses scènes à passer devant le jury suivant le seul entraînement phonétique. C’est qu’Anna Kupfer, née à Berlin, possède le don des langues à un point admirable. Elle excelle, bien sûr, dans Brecht comme dans les vers entêtants de l’Autrichienne Ingeborg Bachmann mais il semble que les poètes du monde entier aient mis à son entière disposition leurs trésors de lyrisme, qu’elle distille à l’envi sur un mode envoûtant.

Le vendredi 12 septembre, à la Fête, au stand des Amis de l’Humanité, Anna Kupfer donnera un bref récital avec des poèmes de son choix sur l’esprit de résistance, lors de la soirée en hommage à Georges Séguy dont le livre intitulé Résister, de Mauthausen à Mai 68 (L’Archipel, 18,95 euros) est sorti au printemps.

Paru dans l’Humanité le 3 septembre 2008